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Quatre mariages pour une lune de fiel

samedi 15 décembre 2012

Je reconnais bien volontiers et avec toute l’humilité qui sied à ce genre d’aveu, que les articles que je trouve sur internet me servent souvent de base pour étayer les miens.
Pourtant, le sujet que je veux évoquer ne reposera que sur mon intime conviction et mon ressentit.
Je pourrais invoquer la curiosité nécessaire du blogueur pour justifier celle qui m’a poussée à regarder un programme de "jeu-réalité " tel que "quatre mariage pour une lune de miel" que diffuse chaque soir du lundi au vendredi l'ineffable TF1.  

La raison en est bien plus prosaïque que ça. Les défauts des autres sont bien plus faciles, à constater et à juger que les siens.  Et quand on voit la délectation avec laquelle certains de nos contemporains s'affiche sur le petit écran, décuplé par un savant montage télévisuel, cela parvient, parfois, à flatter notre égo. Ou simplement à nous aider à supporter plus facilement le temps d'une émission, la monotonie de notre existence. 
J'avoue y succomber. Bien sûr, et heureusement il y pour cela d'autre émission plus efficaces, dans le bon sens du terme. Le genre d'émission propre à vous faire réfléchir sur votre condition. Comme l'excellent programme belge "strip-tease".

Rendons à César ce qui lui appartient. Dans les années 80, le management des "collaborateurs" (ça aussi ça flatte tellement plus que le mot "employés…) voulait développer le sens du travail en équipe. N'a-t-on pas vu fleurir afin d'exalter et de renforcer l'esprit de groupe les séminaires sportifs,  de combats, de survie. Cela a très bien fonctionné. Trop même. Car si les salariés, faisaient front dans leurs tâches, ne voilà pas qu'ils devenaient solidaires dans la lutte, ou dans les revendications.
Je vois déjà vos réactions, ça y est, il va encore politiser le sujet… Que voulez-vous, on ne se refait pas, et puis je n'aurai pas la velléité de publier un blog, mais de simple billet d'humeur sans la présomption de donner une certaine cohérence à mes post.
Mais revenons à nos moutons, et vous verrez que c'est bien de cela qu'il s'agit.

Depuis longtemps donc, les grandes compagnies, s'appuient sur les conseils de cabinets internationaux pour leurs stratégies. Notamment en gestion de personnels. Tels que  McKinsey & Company, Bain & Company, Roland Berger.
Dans son ouvrage, In Search of Excellence ("Le Prix de l'Excellence"), co-écrit avec Robert Waterman en 1982, Thomas Peters, consultant chez McKinsey utilise son expérience de l'entreprise pour trouver des règles d'excellence qu'ils synthétisent en huit principes fondamentaux. Je vous ferais grâce de cette liste. Je me bornerai à rappeler que cette personne se décrit comme "Libertaliens" et qu'il voit le chef d'entreprise comme quelqu'un de brave et héroïque quelle que soit la taille ou l'ampleur de l'investissement. (Il oublie au passage que la plus part des chefs d'entreprise aujourd'hui, sont mandatés et ne sont plus des investisseurs).
Donc, Il fallait continuer ces grands principes de management qui avaient fait leur preuve, mais casser cette dynamique de l'esprit d'équipe. Pour faire court (oui, oui ça m'arrive…) comme l'a très bien résumé le sociologue Vincent de Gaulejac, on a remplacé la lutte des classes par la "Lutte des places".

Et voilà qui nous ramène à notre émission télévisuelle. Les chaines de télévision, n'allaient pas se passer d'un tel outil. Puisque les cerveaux étaient formatés par le monde du travail, il était facile d'utiliser les mêmes méthodes (pour Coca-Cola …?), ou serait-ce l'inverse? Non, non! Aller penser que les intérêts des grands groupes industriels ou de services, rejoignent ceux des grands médias, et donc que ce qui est bénéfique pour l'un l'est pour l'autre, il faudrait vraiment avoir l'esprit mal tourné…
Et tout cela pour en arriver à une émission dans laquelle 4 candidates assistent et notent le mariage de l'autre pendant 4 jours afin de gagner leur lune de miel. Juge et partie, quoi! Avec la récompense en plus de la sanction. Et la chaine de M. Bouygues de sacrifier la perte de valeur et de principes moraux, sur l'autel de l'audimat.

Je crois que l'émission du 14 décembre à atteint une forme d'apothéose, quoique dans ce domaine les chaines privés ont largement démontré qu'elles avaient encore des réserves.
La gagnante du jour, aura tout au long de la semaine, usée et abusée de mauvaise foi, d'hypocrisie, de présomption, de manque total d'objectivité, voire de sectarisme. Ce qui est plus grave encore d'un manque absolue de bon gout. Elle ira jusqu'à avouer, avoir sous noté ses concurrentes, pour gagner! Même quand elle aura réellement appréciés certaines prestations. Elle n’hésitera pas à critiquer la transparence d'un bustier, alors qu'elle même revêtira la plus suggestive des tenues orientales, pour dispenser une danse du ventre lascive et évocatrice, à son mari. Et ce devant X millions de téléspectateurs. Ce qui, juste au passage, nous permettra d'admirer sa jolie plastique. A quand les notation de la nuit de noce?
Comme quoi la nature peut être généreuse par certains cotés et avare de l'autre.
Les quatre postulantes s'attribueront des notes sur 1- la cérémonie, 2- le repas, 3- l'ambiance et enfin 4- la robe de mariée. Il semblerait que le marié, lui, puisse venir en jogging et en basket, cela n'a aucune importance. Ceci dit, les représentants de la gente masculine, ne brillent pas par leur élégance. Et si parfois le costumes est au rendez vous, les comportements lors de la "fête" nous ramène souvent davantage à à ceux d'une troisième mi-temps. 

Je ne me priverai pas de constater que les candidates de couleurs se voient systématiquement écartées du podium, par des notes honteusement basses. Quant aux remarques qui les accompagnent, elles ne laissent aucun doute à la place inavouable qu'ont réservé leurs concurrentes à leur manche à balai (encore une histoire de lune me direz-vous).

Pourtant une chose m'échappe. La plus part des promises, confessent rêver d'un mariage de princesse. Et dans leur commentaire, leur prince charmant les affublent d'un: "moi pour ta robe je t'aurai donné au moins 15" La galanterie voudrait qu'il  dispense leur princesse de la note absolue. Disparaitrait-elle avec l'officialisation de la relation? Que n'entendent elles pas des mots du genre: "Mon amour, aucune robe ne parviendrait à donner à ta beauté la valeur qu'elle mérite!"
J'ai même surpris une compétitrices comparer son mariage, à celui de kate et William. Que n'avons nous pas vu le duc d'Édimbourg et la reine Élisabeth exécuter une danse des canards endiablée. Ou la duchesse de Windsor se donner en spectacle pour la plus grande joie des têtes couronnées et autres personnalités lors d'une danse country murement répétées.
Quant à l’inévitable fin de soirée façon boite de nuit,  heureusement que 'aucun prix d'originalité n'est décerné .

Que cette stratégie qui consiste à faire le contraire de ce qu'on pense puisse se justifier par l'appât du gain est déjà condamnable. Mais qu'elle résume l'ensemble de la philosophie actuelle des programmes de jeux au point de devenir la norme me fait tout bonnement frémir. Elle remet même en question des valeurs simples et qui ont pourtant permis à nos sociétés de ne pas sombrer dans l'indifférence totale de l'autre pour certains d'entre nous, et le principe de la méritocratie, pourtant si chère aux mouvements libéraux de toute sorte, pour d'autres.
Et puisqu'on peut maintenant tricher ouvertement et être récompensé, pourquoi payer des impôts, puisque ça freine l'enrichissement. Pourquoi respecter le talent, le mérite, l'effort puisqu'ils ne payent plus. Sinon autant s'expatrier dans un pays moins exigeant… comme la Belgique par exemple (non, non je ne fais aucune référence à un comédien ayant existé…).
Les séries et les jeux vidéo banalisent la violence. La télé-réalité, le fait pour la morale. Vous verrez que bientôt un élu de la république pourra être condamné juridiquement à toute sorte de peine et continuer à se présenter à un mandat électoral… c'est déjà arrivé ? Ah décidément tout fout le camp ma brave dame.

Mais ça c'est une autre histoire…


(Je n'ai pas voulu évoquer le nom d'Andersen consulting, qui faisait partie des grands réseaux mondiaux de conseil en entreprise, appelés aussi à l'époque Big Five, non pas parce qu'elle fut démantelée en 2002 à la suite du scandale Enron, dont elle avait aidé à falsifier les comptes. Non plus parce que de l'entreprise de plus de 9 milliards de dollars de chiffre d'affaires, il ne reste désormais plus qu'une petite structure à Chicago chargée d'apurer les conflits juridiques existants et de sa propre liquidation*. Mais pour ne pas donner à penser que les autres cabinets pourraient avoir des pratiques similaires. )



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