Le Chômage de HOLLANDE
mardi 2 avril 2013
Pour les libéraux voire
franchement ultra-conservateur notre assurance sociale est un objet de fixation.
Déficits. En janvier dernier le rapport de la cour des comptes n'a
pas manqué de susciter l'affolement de ces premiers et d'une certaine presse. Cette fois-ci pourtant, la Cour
des Comptes ne traitait pas seulement de l'indemnisation des chômeurs. L'étude
couvrait, certes l’indemnisation du chômage, mais aussi les dispositifs visant à̀
l’incitation ou à la création d’emplois et la formation professionnelle
continue. L'ensemble des politiques d'emploi coutent 50 milliards d'euros par an. La crise aurait aggravé le marché du
travail en France. Seulement, en France?
L’évolution du chômage depuis
2008 a été́ « plus défavorable que
dans plusieurs pays européens » et de souligner deux tendances typiquement
nationales.
- Les employeurs ont préféré la flexibilité externe (i.e. le licenciement) à la flexibilité interne (i.e. la réduction du nombre d’heures travaillées via, par exemple, le chômage partiel): En d'autres termes, les entreprises ne souffrent pas d'un handicap de flexibilité à licencier, elles l'ont fait massivement depuis 2008.
- Autre constat de la Cour, quasiment occulté, « la dégradation de la situation des salariés les plus précaires ». Ce sont les personnes les plus fragilisées de la population active qui apparaissent comme « les principales victimes de la crise ». En d'autres termes, la France connaît la même précarisation croissante des travailleurs qu'Outre-Rhin. L'emploi temporaire représente 15% des actifs en France, comme en Allemagne (contre 12% en moyenne dans l'OCDE).
- Cette précarisation des chômeurs se détecte aussi dans les « ruptures » dans l'indemnisation subies par les mêmes chômeurs les plus précaires. Indemnité chômage, RSA ou RMI, ces prestations sont « attribuées selon des paramètres et des logiques différents, alors qu’elles sont susceptibles de concerner les mêmes populations au cours du temps.
- La formation professionnelle - 31 milliards d'euros par an sur le total de 50 identifié pour l'ensemble des politiques de l'emploi - est trop concentrée sur les « salariés déjà les mieux formés. » Pire, la Cour dénonce: « L’effort de formation des demandeurs d’emploi est particulièrement insuffisant.» (http://www.marianne.net/sarkofrance/Chomage-tout-revoir-mais-pour-qui_a1081.html)
En fait depuis près de 15 ans Les cotisations sont en
baisse à cause de ce chômage structurel et entretenu, alors que les aides se
multiplient, surtout en direction des entreprises.
Ne nous répète-t-on pas que seules les entreprises
fabriquent des emplois! Depuis quand? Une entreprise fabrique des richesses,
des biens de consommations, des services. Je vous assure que si elle pouvait le
faire sans personnel, elle n'hésitera pas un instant. Sinon pourquoi aller
chercher une main d'œuvre toujours moins chère. Même la Chine délocalise en
Afrique de l'est, notamment en Ethiopie.
La France a un déficit d'exportation. Nous ne manquons pas
de vendeurs. Le boum des écoles de commerce ainsi que le nombre d'étudiant dans
ces disciplines (commerce, marketing…) le démontre. Mais à quoi bon s'il n'y a
plus assez de pouvoir d'achat pour acquérir ces biens. Voire si on continue,
plus de biens à acquérir.
Les PME et TPE se trompent de cible, quand elles chaussent
les patins des grandes entreprises. Elles ne sont pas mieux traitées par ces
dernière que ne le sont les employés des grands groupe. Moins même dirai-je.
Peu de négociation possible. Fin de commande sans préavis, pas d'association
aux projets, règlement à 60, 90 ou 120 jours.
Les grandes entreprises françaises pourraient être un
facteur formidable de développement des ETI, y compris à l'international où,
comme chacun sait, se déroule la vraie compétition pour la création de valeur
et la croissance. Les grands groupes allemands appliquent parfaitement ce
principe, et appuient fortement leurs succès internationaux sur un tissu de
partenaires impliquant directement de nombreuses ETI et PME qui font à la fois
leur force et leur capacité d'innovation.
A l'opposé, les grands groupes français sont généralement
hermétiques à l'offre des PME nationales et préfèrent travailler avec d'autres
grands acteurs. Cela contraint les PME à ne vendre qu'à d'autres PME. La forme de partenariat institué par ces grands groupes s'apparente plus au "presse-citron- et à la stratégie du Kleenex.
En 2012 le MEDEF appelait à baisser l'impôt sur les
sociétés (IS), nonobstant le fait que les grandes entreprises françaises ne
paient que 8% d'IS en France contre 22% pour les PME. Il voudrait nous faire croire qu'ils appellent de leurs vœux une plus grande stabilité fiscale, ce qu'on ne pourrai que soutenir. Mais quand ils se disent prêts à modifier leur code de gouvernance pour
intégrer ce que l'on appelle le "say on pay"
qui consiste à soumettre les rémunérations des dirigeants à un vote
consultatif des actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle cela reste
un vœu pieux, justement à cause du qualificatif "consultatif". Alors même que ce système commence à largement
se développer aux Etats-Unis ou en Angleterre et qu'un certain nombre de
PDG se sont vus refuser augmentations ou bonus. Sans parler du récent
référendum suisse sur la rémunération et les parachutes dorés des grands
patrons sur le territoire helvète.
Le gouvernement a annoncé au mois de novembre 2012 un plan
de compétitivité de 20 Milliards d'€. Pour François Hollande, il s’agit, à n’en
pas douter, d’une volte-face. Pendant sa campagne, n'a t il pas toujours refusé
d’appréhender la question du déficit de compétitivité, sous l’angle du coût du
travail. Six mois plus tard, le couple Hollande-Ayrault choisit d’administrer
un choc inédit de 20 milliards d’euros, sous la forme d’un crédit
d’impôts indexé sur la masse salariale de toutes les entreprises, pour leur
permettre de retrouver des marges.
A court terme, il ne doit pas en attendre
grand-chose : pour la droite, ce ne sera jamais assez et, pour la majorité, il
y a matière à mauvaises humeurs et divisions. On peut se demander pourquoi ce
chèque de 20 milliards aux entreprises n’est soumis à aucune condition et
contrepartie. (http://www.liberation.fr/politiques/2012/11/07/competitivite-hollande-vire-de-bord_858643)
Cela rappelle l'épisode des 35 heures. Aucunes contraintes
pour les entreprises. Alors pourquoi embaucher quand on peut faire faire le
travail en moins de temps par le même nombre de salariés.
De leur mise en place est né un discours selon lequel les
Français auraient un rapport malsain au travail. Peu enclins à travailler,
ceux-ci auraient tendance à se laisser assister et, lorsqu'ils travaillent, ils
seraient surtout occupés à défendre leurs acquis. Ce climat de discrédit jeté
sur les salariés français est déconnecté de la réalité : on sait que de
nombreuses catégories ne bénéficient pas des 35 heures, et surtout que la
productivité horaire en France est une des plus élevées au monde.
Pour preuve s'il en est que La lettre envoyée récemment par
Maurice Taylor, le PDG américain de Titan, au ministre du redressement
productif, Arnaud Montebourg.
Nombre de recherches mettent en évidence que cette
suspicion, cette défiance (qui aggravent ainsi le désespoir des exclus de
l'emploi et des naufragés du travail) sont le socle du modèle managérial
français.
Loin de miser sur l'intelligence collective pour innover et
gagner des parts de marché, le management français a opté pour une attaque en
règle de la professionnalisation et de l'engagement de ses salariés, compromettant
leur santé physique et psychique, tout autant que notre avenir.
Une simple analyse de l'évolution de nos société, amène un constat simple et dramatique. Nos vies sont programmées, dirigées, par la même doctrine et les mêmes principes, que ce soit dans en dehors ou à l'intérieur de nos vies professionnelles. Le management au travail, découle directement des grands principes marketing mis en place depuis 2 décennies pour que les réflexes conditionnés des travailleurs-consomateurs que nous sommes, les soient par incitation programmée.
- On accepte que les produits augmentent, alors que le taux de satisfaction baisse. C’est à dire que nous acceptons qu'on nous imposent marques et produits à la place de ceux que nous voudrions.
- 1 millions de travailleurs en plus et notre système de protection de la santé est excédentaire
Ces deux exemples semblent n'avoir aucun point commun. l'explication ne saurait tenir en quelques lignes. Pour cela Je ne saurai trop recommander un ouvrage édifiant et qui traite directement de ce sujet.
Auteur de la préface de "Pendant qu'ils comptent les
morts" de Marin Ledun et Brigitte Font Le Bret (Editions La
Tengo, 2010) où il analyse l'évolution des pratiques managériales et leur
impact sur la vie des salariés après la vague de suicides chez France Télécom,
Bernard Floris , vient de faire paraître (février 2013) chez le même éditeur,
avec Marin Ledun, "La Vie marchandise",
manifeste contre la tyrannie du marketing
Mais ça c'est une autre histoire…
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