Quand la France exporte 1789
mardi 22 mai 2012
Ou,
quand la vision des pays n'est plus en phase avec les aspirations des
peuples... A l'heure où la chancelière allemande est en difficulté dans son
pays, il est légitime de revenir sur quelles que notions un peu passées sous
silence ces dernières années, en général et plus fortement encore ces dernières
semaines.
Nombre
d'économiste, de politologue, nous parlent sans cesse d'efforts, de diminution
de dépense, de réduction des coûts du travail. Ce n'est pas que ces points de
vue soient dépourvus de bon sens. Ils n'ont d'autre but que de renforcer l'économie
des pays auquels ils s'adressent. L’Allemagne en est un exemple frappant.
L'économie du pays est robuste. La balance commerciale est des plus florissantes.
Mais pour qui et pourquoi ?
- Le pourcentage d'habitants menacés de pauvreté, ou vivant dans la
pauvreté stagne depuis plusieurs années autour de 14%, et reste insensible aux
bonnes performances économiques du pays. Pour renforcer sa compétitivité et
exporter, l'Allemagne à libéralisé son marché du travail et précipité une part
croissante des salariés dans la précarité: absence de salaire minimum, travail
à temps partiel, "mini jobs" sans assurance maladie ou petit boulots
payés 1 euro de l'heure. Aujourd’hui, près d’un travailleur allemand sur
cinq est « pauvre ». Les mini-jobs tiennent le haut du pavé, avec une
augmentation de 47,7%, simplement devancés par le boom de l’intérim (+134%).
Ces formes de contrats sont également très répandus chez les retraités: 660 000
d’entre eux combinent leurs pensions à un mini job. 2 millions et demi
d'enfants sous le seuil de pauvreté.
Le
couplet sur l'augmentation du revenu des riches, des actionnaires, a tellement
été utilisé, qu'il semble n'être plus qu'une rengaine usée. Pourtant un fait récent nous rappelle
combien l'intérêt des uns est bien en opposition avec celui des autres.
Le
Bundestag a voté une augmentation de salaire de 6% des fonctionnaires. Légitimement,
les ouvriers de l'industrie qui avaient consentis des diminutions et des gels
de salaire, des augmentations du temps de travail, depuis dix ans, et qui
entendent, comme nous, les louanges de l'économie de leur pays, souhaitent
à présent récolter les fruits de leurs efforts.
Cela
fait plusieurs mois qu’IG Metall et le patronat sont entrés en négociations
pour modifier la convention collective de la métallurgie. Même la ministre
allemande du Travail, Ursula von der Leyen, semble soutenir ces revendications.
Dans un entretien publié par le journal allemand Bild am Sonntag le 12 février,
elle a estimé que dès lors que les
entreprises font des bénéfices, elles doivent en faire profiter leurs salariés.
Le
groupe Volkswagen a annonce une hausse de 86,1% de son bénéfice net avec un chiffre
d'affaires en progression de 26,3%. Les ouvriers ont donc réclamé une part de cette richesse par une
augmentation de salaire. Et cela serait étonnant ? Ce qui l'est moins est le refus de la direction. S'en
sont suivies des menaces de grève. Et le groupe du constructeur automobile,
n'est pas le seul a faire face à ce qui semble être la fin du fameux consensus
social outre-Rhin.
- A l'usine Continental Teves à Gifhorn ou chez TDK de Munich, les
ouvriers de la métallurgie d’Allemagne se sont lancés depuis le début du
mois de mai dans une série de grèves et de débayages.
-
Pour l’ensemble du Bade-Wurtemberg, on a compté 12.000 ouvriers en
grève le 2 mai.
- Une manifestation des ouvriers de la métallurgie à Munich a
regroupé 5.000 travailleurs dont 3.000 ouvriers de l’usine MAN. A l’usine
Benteler à Schwandorf, ce sont 350 ouvriers qui ont débrayé une heure.
- 13.000 ouvriers se sont mis en grève dans les usines BMW de
Munich, Dingolfing et Regensburg.
- Le mouvement de grèves pour obtenir des hausses de salaires, déjà soutenu
par 160.000 salariés dans l'industrie, pourrait s'étendre aux 220.000 salariés
du secteur bancaire
Non
un pays économiquement fort ne veut pas dire que les habitants le soient aussi.
Et c'est toute l'ambiguïté de la situation. Une boutade des années 80 disait
que : " La droite sait gagner de
l'argent, mais pas le redistribuer. La gauche sait redistribuer les richesses
qu'elle ne sait pas gagner!"
Et
l'alternance des gouvernements au sortir des urnes n'a jamais apporté de
réelles solutions. La barrière qui sépare les "possédants" et
les ceux qui produisent ne semble pas prête
de tomber. J'ai conscience que ce discours rappelle fortement celui de la lutte
des classes. Mais le politiquement
correcte n'étant pas de mise, ni en de telles circonstances et surtout pas sur
mon blog, je crois qu'il faut regarder les choses en face et appeler un chat un
chat. Le système financier est un des éléments qui a entrainé la planète
dans une crise économique sans précédent. Mais faire croire que le surendettement des états viendrait de la
redistribution des valeurs du travail n'est pas la faute
des peuples comme beaucoup de
"spécialistes BFMiens" voudraient nous le laisser croire. Les dividendes ne sont pas empruntés sur les marchés financiers pour
rémunérer les actionnaires; pourquoi les
prestations sociales le seraient-elles ? Ce
n'est qu'une question de choix. Par exemple, nos autoroutes pourraient nous rapporter entre
9 et 11 milliards par an. Pourquoi les avoir vendus ?
La
seule question qui prévaut est de savoir, combien de temps, les revendications des
peuples mettront-elles pour réaliser la mondialisation accomplie par la finance
depuis des décennies.
L'argent
ne fait pas le bonheur, dit-on ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'un pays riche ne
fait pas que des heureux.
Mais
ça c'est une autre histoire....
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