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Don’t cry for me Argentina

dimanche 8 avril 2012

On ne peut pas faire autrement! Que n’a-t-on pas entendu cette phrase depuis des mois et des mois. Pour justifier la réforme des retraites, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, Les coupes dans les budgets de l’enseignement, de la santé. Il y a toujours des personnes, que ce soit les mieux informées comme les autres pour vous dire qu’il n’y avait aucune autre solution. L’ambiance anxiogène qui a menée à ce fatalisme, entretenue par les politiques, relayée par les médias et scientifiquement distillée jour après jour depuis le milieu des années 90 a fini par s’imposer comme la seule réalité possible. 

Au point, et c’est là tout le paradoxe, de refuser de regarder que d’autre pays, d’autres économies, ont choisi des voies radicalement différentes avec succès.

Le Canada.
«Bankrupt Canada» (Le Canada en faillite), titrait le Wall Street Journal le 12 janvier 1995. A cette époque, Ottawa s’est retrouvé contraint d’assainir ses finances publiques. Après des années de dépenses excessives, la dette publique atteignait des proportions monstrueuses, à près de 70 % du produit intérieur brut (PIB). Les dépenses sociales furent drastiquement réduites et leurs coûts largement transférés aux provinces. Mais les méthodes ont quelque peu différées des nôtres :
«On a d'abord éliminé les postes où il n'y avait personne, puis les fonctionnaires les plus anciens. Ceux qui étaient proches de la retraite ont perçu un an de salaire pour partir et avec une retraite à taux plein.» Les agents plus jeunes ont, eux, disposé d'une année pour trouver un autre poste au sein de la fonction publique ou pour migrer vers le privé. «De multiples formules ont été mises en place pour faciliter les départs volontaires, notamment par l'incitation à la création d'entreprises ou de coopératives» Jean-François Savard, professeur à l'École nationale d'administration publique du Québec (Enap).
Le nombre de fonctionnaires fédéraux a diminué d'environ 20% en moins de cinq ans. Pourtant aujourd’hui ce nombre est supérieur à celui d’avant la crise. Et le gouvernement canadien le justifie par une évidence : La population et les besoins ont augmentés. «A méditer!».

L’Argentine.
Avec une situation en 2001 comparable à celle de la Grèce, les Argentins ont choisi une autre voie. L’économie était paralysée, les faillites se multipliaient et près de la moitié de la population tombait sous le seuil de pauvreté. Étranglée par la dette, par les plans d’austérité imposés par le FMI et par la parité fixe qui liait le peso au dollar, le pays était en récession depuis 1998. Alors que les présidents intérimaires se succédaient, la cessation de paiements fût déclarée en décembre 2001. A la dérive, l’Argentine s’enfonça dans le chaos et l’anarchie. L’économie était paralysée, les faillites se multipliaient, le chômage atteignait 25% et la moitié de la population était tombée sous le seuil de pauvreté. On a parlé de crise terminale.
La question technique était : comment sort-on d'un currency board (parité entre deux monnaie)? Personne n'en savait rien. Dévaluer le peso n’était pas possible car tous les comptes étaient libellés dans la double monnaie dollar et peso. Les contrats ayant été signés en partant du principe que les deux monnaies étaient définitivement à parité. Tout changement mettait en danger l'ensemble des contrats notamment avec les bailleurs de fonds étrangers et marquerait la fin de la convertibilité et la défaillance de la dette souveraine. Le gouvernement fît alors appel au FMI pour éviter d'avoir à démonter le currency board et d'entrer en conflit avec la communauté internationale. Le FMI comme d'habitude exigea des réductions de dépenses publiques drastiques et en fait organisa une véritable déflation en contrepartie de l'apport de plusieurs milliards de dollars.
A ce stade du résumé, je ne peux m’empêcher de comparer l’intervention du FMI en Argentine, avec son comportement vis-à-vis de la Grèce. Pas de dévaluation possible à cause de l’Euro, privatisations massives, baisses des salaires et des prestations sociales.
Aujourd’hui l’Argentine a un taux de croissance approchant depuis plusieurs années les 8%. Comment expliquer un tel redressement ?
Le plan argentin de conversion de dette (canje) fut en effet drastique pour les créanciers privés. L'Argentine imposa en 2004, des propositions prévoyant une réduction de capital des dettes privées de 75 %, et plus tard 65 % aux représentants des créanciers. Ces propositions se heurtèrent au refus des créanciers étrangers qui réclamaient plus de 55 % du volume des dettes, et altérèrent les relations entre l'Argentine et le FMI. Au moyen de plusieurs missions diplomatiques, l'Argentine parvint toutefois à convaincre la plupart des groupes de créanciers, excepté pour les allemands et surtout les italiens, qui seront opposés au projet jusqu'au bout.
Grâce aux aides de la Banque mondiale et du FMI, l’Argentine était repartie dès la mi-2002. Mais les contreparties étaient inacceptables aux yeux des dirigeants. Le président Eduardo Duhalde décida, alors, avec son ministre de l’économie Roberto Lavagna, de tourner le dos au Fonds monétaire international, qui réclamait plus d’austérité pour payer la dette. Le gouvernement préféra donné la priorité à la lutte contre la pauvreté, en destinant des budgets importants aux prestations sociales, et à la remise en ordre de l’économie réelle.
Elu en 2003, Néstor Kirchner  poursuivi et approfondi cette politique. Il n'hésita pas à rompre avec le FMI et a imposer aux créanciers une décote de plus de 50% sur la dette. Estimant que l’Argentine ne pouvait plus payer. Avec des finances publiques assainies et des rentrées fiscales en hausse, Néstor Kirchner multiplia les investissements publics dans les infrastructures, l’éducation et les programmes sociaux.
Vers la mi-février 2005, les négociations étaient terminées. À la fin de la période de conversion des dettes, 76,15 % des créanciers avaient accepté l'offre. Après la fin de l'offre, des demandes isolées se firent entendre, aussi bien de la part de groupes de créanciers que du FMI, exigeant une nouvelle offre de conversion de dettes, ce qui fut platement rejeté par Buenos Aires.
De nombreux investisseurs retirèrent leurs capitaux d'Argentine pendant la crise, conduisant à la fermeture de beaucoup de PME, provoquant une montée du chômage. De nombreuses personnes licenciées ont alors décidé de rouvrir elles-mêmes les usines et entreprises où elles avaient travaillé, sans la présence de l’ancien propriétaire et de son capital, formant ainsi des coopératives autogérées. En 2007, quelque 10 000 personnes travaillaient dans des entreprises autogérées représentant une source d’emploi et une croissance économique non négligeables. La demande  repris et les entreprises, plus compétitives du fait de la dévaluation, purent y répondre. La machine avait recommencé à tourner.

Ces deux exemples sont des preuves concrètes, qu’il existe d’autres chemins que le fatalisme. D’autres volontés politiques. La possibilité pour un état d’influer sur sa monnaie en est une qu’aucun gouvernement ne devrait abandonner. Ce qui pour les états européens par exemple n’implique nullement l’abandon de l’Euro. Mais une autre façon de le concevoir.

Une monnaie commune européenne

L’euro ne serait plus une monnaie unique, mais une monnaie commune dans le cadre d’une union monétaire européenne coopérative, respectant l’autonomie monétaire et budgétaire des États membres. La BCE jouant le rôle de banque de compensation monétaire. Le taux de change entre les monnaies nationales des États membres de l’union et la monnaie commune européenne serait fixe, mais révisable. L’Euro ne s’échangerait qu’entre banques centrales mais ne circulerait pas dans le public qui continue d’utiliser sa monnaie nationale. L’émission de cette monnaie commune ne produirait pas d’inflation. Ce n’est pas une monnaie d’échange. Comme elle ne circule pas, elle ne pourrait pas influencer les prix.

C’est l’une des nombreuses pistes qui s’offrent à ceux qui refuse le « on ne peut pas faire autrement!». Tout comme un ordre de mutualité commerciale européen et international contre la mondialisation et en réponse au protectionnisme. (Principe de mutualité commerciale par Janpier Dutrieux : www.alliance-sociale.org/spip.php?article184)

Mais ça c’est une autre histoire…



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