La Guerre des chefs
jeudi 24 mai 2012
Mea-culpa pour cette chronique
annoncée. Je l'avoue bien humblement, sans hypocrisie et sans vergogne, voilà
un billet qui me ravie d'écrire. J'entends d'ici mes détracteurs : " On ne
tire pas sur une ambulance ! " Mais alors c'est donc qu'il y aurait un blessé
? Alors plantons le décor.
Le 17 novembre 2002, le congrès fondateur
de l’UMP
(Union pour un mouvement populaire) crée un nouveau parti politique.
L’UMP,
d’abord appelé Union pour la majorité présidentielle. Il succède au RPR, et a pour objectif de
créer un parti
unique de droite. Il comprend également Démocratie libérale et des anciens
membres de l’UDF. Alain Juppé en sera le premier président jusqu’en 2004.
Très
vite Nicolas Sarkozy
comprendra toute l'importance d'en être le chef. L'appareil est une machine à
faire élire un président de la république. Mais il n'est pas l'unique homme
politique de droite à l'avoir compris. Par contre il semblerait qu'il aura été
le seul à le garder en ordre de bataille. Car maintenant qu'il est parti (sans
jeu de mot) Les ambitions de chacun, les rancœurs, les oppositions, longtemps
étouffées par la main de fer de l'ex-président, n'ont pas tardé à refaire
surface. Tous les partis politiques, quels qu'ils soient, dans tous les pays et
à toutes les époques ont connue cela.
Le pacte de
non-agression scellé par les ténors de l'UMP au lendemain de la défaite de
Nicolas Sarkozy appartient déjà au passé. Un peu plus de deux semaines après le
revers du candidat de la majorité, les rivalités pour le contrôle du parti
reprennent de plus belle. Comme je l'ai évoqué dans un post récent, La gageure pour l'actuel chef
de ce parti, M. Jean-François Copé, est de conservé la tête du parti, de faire
barrage aux Front national, et d'afficher l'union des courants et des membres
de l'UMP. Mais derrière une union de façade qui se lézarde à
coups de petites phrases assassines, lui et François Fillon se livrent à une
véritable guerre des chefs. Avec Alain Juppé en embuscade, les jeunes loups qui
rodent et les vieux caciques de l'autre côté, les "Guéant, Longuet, Hortefeux
et consort qui ne rêve que de chemises brunes.
Ce n'est pas tant les divisions
apparentes qui me dérangent. Elles ont été aussi nombreuses à gauche avant les
primaires. Et elles ont également fait les dégâts qu'on a connu après la défaite
de Lionel Jospin et bien après celle de
la présidentielle de 2007. Mais je ne me
souviens pas, et j'en appelle à mes contradicteurs, si ma mémoire semble sélective,
que durant ces années sombres, la gauche en général, et le parti socialiste en
particulier, est fait preuve d'un tel cynisme. Un manque de professionnalisme sans doute!
Je regardais hier soir, les informations,
et donc dans la guerre de succession qui gronde à l'UMP, et derrière laquelle
se profile l'enjeu du leadership du parti de droite lors du congrès de l'UMP à
l'automne, François Fillon a dégainé le premier. Dans un entretien au Figaro,
l'ancien Premier ministre et candidat aux législatives à Paris, a officiellement
déclaré :" Depuis le départ de
Nicolas Sarkozy, il n'y a plus de leader naturel à l'UMP "
Le plus navrant dans tout ça, est bien
la réaction unanimes (à défaut d'union !" des députés, sénateurs et autres
ténors de l'UMP.
Je
résume. " Ne vous battez pas maintenant,
montrons notre unité aux électeurs. Il sera toujours temps de le faire après
les élections législatives."
Alors, je pose une simple question.
Après les parachutages douteux, la droite continuerait-elle à prendre ses partisans
pour des moutons ? Mettons-nous un instant à la place de l'électeur lambda qui
avait voté Nicolas Sarkozy en 2002, puis en 2007, par conviction et par choix
murement réfléchit (si, si, il y en a !) Supposons que cet électeur (ou
électrice... allons, allons, et la parité alors !) supposons dis-je qu'il vote
dans la 3ème circonscription des Yvelines. Celle-là même ou M. Copé
a décidé de priver les habitants de leur député-maire, réélu depuis plus de 20
ans. Quel choix leur propose leur bien-aimée droite ? Quel tableau leur
dépeint-on pour l'avenir. :
-
" Votez pour nous en juin, car pour vous et
exclusivement pour les législatives, nous allons taire nos dissensions... Au
moins jusqu'à la fin du mois. Et après
dans le meilleurs des cas se sera la foire d'empoigne, donc pour ce qui est de
vos problèmes, vous aurez la gentillesse d'attendre jusqu'en 2017 que nous ayons
réglé nos différents ! Ou dans le pire des scénarios, que le député que vous
aurez élu, rallie un courant qui ne vous convient pas (mais qui lui assure
telle ou telle alliance) car l'UMP n'existera plus dans les mois à venir." Choix
cornélien, la corde ou la sigue; Charybde ou Scylla.
Il a été
reproché à l'actuel
président, de ne pas exposer clairement ses idées, son programme. Et je veux
bien volontiers, admettre qu'une part importante de ceux qui l'on élu, l'ont
fait davantage par refus d'un nouveau mandat au sortant. Mais quid, des idées,
des différences entre M. Copé et Fillon ? Que propose un UMP uni face à une
majorité (potentielle) de gauche, à part une opposition de principe ? Et quelle
représentation aura –t-elle dans une droite divisée ? Repoussée sur son flanc
gauche sur des terres rose et attaqué par la Marine sur son flanc droit.
Cela faisait
longtemps que je ne m'étais pas senti content de ne pas partager les idées de
cette droite.
Mais ça c'est
une autre histoire...
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